vendredi 21 octobre 2016

Etre ouvrier en France - La grève de Carmaux

Niveau - 1 Bac Pro
Valence - Histoire

Etre ouvrier en France -

Fiche de révision sur la situation: La grève de Carmaux







Situation - La grève de Carmaux
En Aout 1892, les mineurs de Carmaux (Tarn) se mettent en grève et font appel au socialiste Jean Jaurès pour faire valoir leurs droits.

Quelles sont les raisons de cette grève ? Comment participe-t-elle à l'intégration des ouvriers dans la République ?

Jean Jaurès fait l’apprentissage de la lutte des classes et sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme. C’est la marque d’une visibilité croissante de la classe ouvrière et de sa traduction dans le champ politique.



Petits rappels historiques

Le parti socialiste : l'arrivée des ouvriers au pouvoir

En 1848 Karl Marx pose les bases du socialisme : la lutte des classes oppose la bourgeoisie au prolétariat qui doit renverser le capitalisme. Mais certains socialistes sont partisans d'une évolution progressive par les voies légales : les élections. Menés par Jean Jaurès, ceux-ci créent en 1905 le Parti socialiste-SFIO. Le parti communiste, lui, naît en 1920.
Les effectifs croissants de la classe ouvrière permettent la mise en place de combats contre les injustices et la mise en place de lois sociales. La législation devient de plus en plus protectrice grâce aux syndicats et au suffrage universel.



I/ Les enjeux de la Grève de Carmaux

L'appel des grévistes

Depuis quatre semaines, les 3 000 ouvriers de Carmaux se sont mis en grève pour défendre le suffrage universel violé par la compagnie concessionnaire des mines. […]
En renvoyant le citoyen Calvignac, élu maire de Carmaux et conseiller d'arrondissement, la compagnie n'a voulu que venger la défaite de ses propres candidats et arrêter la marche de l'émancipation politique des travailleurs.
Elle vise en même temps l'émancipation économique : le mouvement syndical ayant été le levier de leur action électorale dans ce conflit, les grévistes sont aujourd'hui les défenseurs des lois les plus importantes du régime républicain, celles qui garantissent le droit du suffrage universel et l'exercice de la solidarité ouvrière. […]
Venez mettre au service du droit votre parole, donnez-nous votre appui moral et matériel, venez au milieu de nous pour empêcher que notre défaite soit la défaite de la démocratie républicaine, défendez la République.
Lettre du comité de grève aux députés républicains, 10 septembre 1892
Quel événement a déclenché la grève des mineurs de Carmaux ?


II/ La résolution du conflit

L'intervention de Jean Jaurès

Que les ouvriers restent calmes ; l'opinion, mieux informée, ne tardera pas à être avec eux. […] Il faut tout de suite que les hommes politiques de la région avertissent le gouvernement que, s'il laisse la compagnie commettre contre les ouvriers élus d'aussi monstrueux abus de pouvoir, il se rend complice d'une violation du suffrage universel. C'est bien par la faute de la compagnie que le travail est suspendu, et, si elle ne cède pas, elle encourt légalement la déchéance.
Jaurès – La Dépêche, 29 Aout 1892


L'arbitrage d'Emile Loubet

Le 21 octobre 1892, lors des débats à la chambre des députés, le président du conseil Emile Loubet accepte d'être arbitre entre les grévistes et la compagnie. Le 26 octobre, il rend sa décision.

  1. Calvignac sera réintégré dans ses fonctions d'ouvrier de la compagnie. Un congé lui sera accordé pendant tout le temps que dureront ses fonctions de maire.
  2. Seront repris par la compagnie tous les ouvriers qui se sont mis en grève, à l’exception toutefois de ceux qui ont été condamnés par le tribunal correctionnel d'Albi.



La fin du conflit

La grève de Carmaux est finie. […] Le suffrage universel, dont on avait essayé indirectement de violenter les cœurs, a le dernier mot. […] La grève de Carmaux porte en elle un enseignement, dont toutes les compagnies devront profiter. De nos jours, il ne suffit plus d'être le maître ; il faut encore avoir raison, quand on veut commander à des hommes. […] Les mineurs ont réussi à avoir gain de cause pacifiquement. La démocratie enregistre avec joie leur succès obtenu sur le terrain de la légalité.
« La reprise du travail », Le Petit Parisien, 1 Novembre 1892




Bilan

Au début des années 1890, la dure répression des mouvements de grève renforce le sentiment des ouvriers d'être exclus de la jeune IIIe Républqiue.
Dans ce contexte, les mineurs de Carmaux entament en août 1892 une grève dénonçant une atteinte au principe démocratique du suffrage universel sur lequel repose la République.

Grâce à Jean Jaurès, leur victoire est un symbole pour le mouvement ouvrier dans son ensemble. En effet, par le socialisme, les ouvriers constituent désormais une force politique reconnue par la République.

Au sein de la République, par leurs partis (socialiste et communiste surtout) et leurs élus, les ouvriers vont contribuer à défendre des valeurs (égalité, justice sociale, solidarité...) qui s'inscrivent dans le projet de réalisation d'une République sociale.



Notions

Le Front populaire : Alliance des partis de gauche (socialiste, communiste, radical) qui gagne les élections législatives de 1936. Le gouvernement dirigé par le socialiste Léon Blum fait voter des réformes importantes : semaine de 40h et congés payés.

Socialisme : On distingue au début du XXe siècle les « communistes », partisans d'une révolution qui instaurera des rapports sociaux nouveaux, et les socialistes, favorables à des réformes progressives, sans le cadre d'un système démocratique.

Syndicat : Organisation d'hommes et de femmes d'une même profession pour améliorer les conditions de vie et de travail.

Taylorisme : Système d'organisation du travail (spécialisation des tâches, travail à la chaîne) inventé par F. Taylor aux États-Unis.

Paternalisme : Relation entre patrons et ouvriers basée sur le modèle père-enfant.


Repères chronologiques

1884 : légalisation des syndicats

1895 : naissance de la CGT

1905 : naissance de la SFIO

1906 : interdiction du travail le dimanche

1910 : loi sur les retraites

1910 : instauration de la journée de 8 heures

1920 : naissance du Parti communiste français

1936 : victoire électorale du Front populaire :
-occupations d'entreprises
-conquêtes sociales : semaine de 40h et congés payés (2 semaines),
délégués du personnel

1940 : dissolution des syndicats (régime de Vichy)

1968 : mouvements ouvrier et étudiant (mai-juin)
-Accords de Grenelle : augmentation du SMIG (+35%) et instauration

de la 4ème semaine de congés

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