Valence - Histoire
Etre ouvrier en France -
Fiche de révision sur la situation: La grève de Carmaux
Situation
- La grève de Carmaux
En Aout 1892, les mineurs de Carmaux (Tarn) se mettent
en grève et font appel au socialiste Jean Jaurès pour faire valoir
leurs droits.
Quelles sont les raisons de cette grève ?
Comment participe-t-elle à l'intégration des ouvriers dans la
République ?
Jean Jaurès fait l’apprentissage de la lutte des
classes et sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme. C’est
la marque d’une visibilité croissante de la classe ouvrière et de
sa traduction dans le champ politique.
Petits
rappels historiques
Le
parti socialiste : l'arrivée des ouvriers au pouvoir
En 1848 Karl Marx pose les bases du socialisme : la
lutte des classes oppose la bourgeoisie au prolétariat qui doit
renverser le capitalisme. Mais certains socialistes sont partisans
d'une évolution progressive par les voies légales : les
élections. Menés par Jean Jaurès, ceux-ci créent en 1905 le Parti
socialiste-SFIO. Le parti communiste, lui, naît en 1920.
Les effectifs croissants de la classe ouvrière
permettent la mise en place de combats contre les injustices et la
mise en place de lois sociales. La législation devient de plus en
plus protectrice grâce aux syndicats et au suffrage universel.
I/
Les enjeux de la Grève de Carmaux
L'appel
des grévistes
Depuis quatre
semaines, les 3 000 ouvriers de Carmaux se sont mis en grève pour
défendre le suffrage universel violé par la compagnie
concessionnaire des mines. […]
En renvoyant le
citoyen Calvignac, élu maire de Carmaux et conseiller
d'arrondissement, la compagnie n'a voulu que venger la défaite de
ses propres candidats et arrêter la marche de l'émancipation
politique des travailleurs.
Elle vise en même
temps l'émancipation économique : le mouvement syndical ayant
été le levier de leur action électorale dans ce conflit, les
grévistes sont aujourd'hui les défenseurs des lois les plus
importantes du régime républicain, celles qui garantissent le droit
du suffrage universel et l'exercice de la solidarité ouvrière. […]
Venez mettre au
service du droit votre parole, donnez-nous votre appui moral et
matériel, venez au milieu de nous pour empêcher que notre défaite
soit la défaite de la démocratie républicaine, défendez la
République.
Lettre du comité de grève aux députés républicains,
10 septembre 1892
Quel événement a déclenché la grève des mineurs de
Carmaux ?
II/
La résolution du conflit
L'intervention de Jean Jaurès
Que les ouvriers
restent calmes ; l'opinion, mieux informée, ne tardera pas à
être avec eux. […] Il faut tout de suite que les hommes politiques
de la région avertissent le gouvernement que, s'il laisse la
compagnie commettre contre les ouvriers élus d'aussi monstrueux abus
de pouvoir, il se rend complice d'une violation du suffrage
universel. C'est bien par la faute de la compagnie que le travail est
suspendu, et, si elle ne cède pas, elle encourt légalement la
déchéance.
Jaurès – La Dépêche,
29 Aout 1892
L'arbitrage d'Emile Loubet
Le 21 octobre 1892, lors des débats à la chambre
des députés, le président du conseil Emile Loubet accepte d'être
arbitre entre les grévistes et la compagnie. Le 26 octobre, il rend
sa décision.
- Calvignac sera réintégré dans ses fonctions d'ouvrier de la compagnie. Un congé lui sera accordé pendant tout le temps que dureront ses fonctions de maire.
- Seront repris par la compagnie tous les ouvriers qui se sont mis en grève, à l’exception toutefois de ceux qui ont été condamnés par le tribunal correctionnel d'Albi.
La
fin du conflit
La grève de Carmaux
est finie. […] Le suffrage universel, dont on avait essayé
indirectement de violenter les cœurs, a le dernier mot. […] La
grève de Carmaux porte en elle un enseignement, dont toutes les
compagnies devront profiter. De nos jours, il ne suffit plus d'être
le maître ; il faut encore avoir raison, quand on veut
commander à des hommes. […] Les mineurs ont réussi à avoir gain
de cause pacifiquement. La démocratie enregistre avec joie leur
succès obtenu sur le terrain de la légalité.
« La reprise du
travail », Le Petit
Parisien,
1 Novembre 1892
Bilan
Au
début des années 1890, la dure répression des mouvements de grève
renforce le sentiment des ouvriers d'être exclus de la jeune IIIe
Républqiue.
Dans ce contexte, les mineurs de
Carmaux entament en août 1892 une grève dénonçant une atteinte au
principe démocratique du suffrage universel sur lequel repose la
République.
Grâce à
Jean Jaurès, leur victoire est un symbole pour le mouvement ouvrier
dans son ensemble. En effet, par le socialisme, les ouvriers
constituent désormais une force politique reconnue par la
République.
Au sein
de la République, par leurs partis (socialiste et communiste
surtout) et leurs élus, les ouvriers vont contribuer à défendre
des valeurs (égalité, justice sociale, solidarité...)
qui s'inscrivent dans le projet de réalisation d'une République
sociale.
Notions
Le Front populaire :
Alliance des partis de gauche (socialiste, communiste, radical) qui
gagne les élections législatives de 1936. Le gouvernement dirigé
par le socialiste Léon Blum fait voter des réformes importantes :
semaine de 40h et congés payés.
Socialisme :
On distingue au début du XXe siècle les « communistes »,
partisans d'une révolution qui instaurera des rapports sociaux
nouveaux, et les socialistes, favorables à des réformes
progressives, sans le cadre d'un système démocratique.
Syndicat :
Organisation d'hommes et de femmes d'une même profession pour
améliorer les conditions de vie et de travail.
Taylorisme : Système
d'organisation du travail (spécialisation des tâches, travail à la
chaîne) inventé par F. Taylor aux États-Unis.
Paternalisme :
Relation entre patrons et ouvriers basée sur le modèle père-enfant.
Repères
chronologiques
1884 : légalisation des syndicats
1895 : naissance de la CGT
1905 : naissance de la SFIO
1906 : interdiction du travail le dimanche
1910 : loi sur les retraites
1910 : instauration de la journée de 8 heures
1920 : naissance du Parti communiste français
1936 : victoire électorale du Front populaire :
-occupations d'entreprises
-conquêtes sociales : semaine de 40h et congés
payés (2 semaines),
délégués du personnel
1940 : dissolution des syndicats (régime de
Vichy)
1968 : mouvements ouvrier et étudiant (mai-juin)
-Accords de Grenelle : augmentation du SMIG
(+35%) et instauration
de la 4ème semaine de congés
merci
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