lundi 2 mai 2016

Être ouvrier en France du XIX au XXe siècle



Au XVIII et XIX, des découvertes scientifiques et des innovations techniques provoquent des bouleversements dans la façon de produire et de travailler.
Une nouvelle catégorie sociale apparaît au coeur de cette révolution industrielle : la classe ouvrière. En se mobilisant pour améliorer leurs conditions de vie et de travail généralement très difficiles, les ouvriers contribuent aux changements de la société française.


Problématique : Comment a évolué la place de l’ouvrier dans la société française entre 1830 et 1975 ?



Les notions :

- La constitution d'une nouvelle classe sociale
- L'évolution du monde ouvrier
- Les combats de la classe ouvrière
- La condition ouvrière et l'impact des progrès techniques
- Vers un effacement du monde ouvrier ?


Vocabulaire :

Grève, Révolution industrielle, Syndicat, Taylorisme, Trente Glorieuse.


Situations :

L'évolution du monde ouvrier : Être ouvrier à Longwy
Les combats de la classe ouvrière : La grève de Carmaux de 1892
Les occupations d'usine de 1936
La condition ouvrière et l'impact des progrès techniques : Les progrès dans le milieu du textile.



Plan du cours :

I L'évolution du monde ouvrier

Comment se forme la classe ouvrière, quelles sont les conditions de vie ?

A/ Une place grandissante dans la société française
-Pourquoi la création d'une classe ouvrière ?
-La révolution industrielle
-L'industrie
-Augmentation de production => demande de main d’oeuvre
-Construction des cités ouvrières > raisons et buts

B/ Des Trente Glorieuses à la crise
-Notion : Trente Glorieuses
-Seconde GM, reconstruction et main d’oeuvre de plus en plus importante.
-1973 : crise économique – fin de l'âge d'or et plein emploi.

Transition : apparition des syndicats (étude affiche).


II Les combats de la classe ouvrière

Face à ces conditions la classe ouvrière va se battre pour défendre ses droits et sa dignité. Tout d'abord en actions, puis en luttant politiquement.
La classe ouvrière se construit par ses luttes.

A/ Les luttes et les occupations
-Luttes et grèves

B/ L'engagement politique
-Comment le glissement politique (et pourquoi) va s'opérer ?


III La condition ouvrière et l'impact des progrès techniques

A/ Évolutions des conditions de travail

B/ La construction d'une culture ouvrière







I L'évolution du monde ouvrier

A/ Une place grandissante dans la société française

L'industrialisation au XIXe siècle est à l'origine du développement de villes dans lesquelles les ouvriers sont très nombreux. Une vie sociale particulière s'y développe, donnant une place importante à l'action syndicale (grèves) et politique et à la solidarité ouvrière dans ET hors de l'entreprise.

Pour conserver leur emprise sur les ouvriers, certains patrons pratiquent le paternalisme, offrant des services aux ouvriers (logement, santé, école...) marquant ainsi de leur présence tout le paysage urbain (usines, cités ouvrières, écoles, lieux de loisirs …)

Notion : paternalisme : relation entre patrons et ouvriers basés sur le modèle père-enfants. Le patron veille à l'éducation, la bonne santé des ouvriers (via les écoles, les logements et les hôpitaux) qui sont ainsi maintenus dans une situation de dépendance.


B/ Des Trente glorieuses à la crise.

Ces évolutions correspondent aux mutations économiques du pays. Les hauts et les bas de l'économie française vont influer grandement sur le monde ouvrier.
Après 1945, les ouvriers vont contribuer à la reconstruction de la France et à la croissance économique.

Définition : Les trente glorieuse : période de forte croissance économique entre 1945 et 1973

Conclusion du I

La classe ouvrière est une invention de la fin du XIXe siècle. Elle est créée pour répondre aux besoins d'une industrie métamorphosée par les avancées techniques (machine à vapeur, électricité etc) : c'est la révolution industrielle. La reconstruction de la France et la hausse de la consommation des français mèneront aux 30 glorieuses, période de forte croissance économique qui gonflera encore le nombre d'ouvriers français.

Cette nouvelle classe doit être logée à proximité des usines, ce qui entraîne la création de cités ouvrières où la vie est très dure. Les ouvriers ne vivent donc pas avec les autres habitants de la ville.
Les ouvriers sont aussi soumis aux aléas de l'économie, lorsque la crise de 1973 aura lieux, de nombreux licenciements interviendront et toucheront durement ces hommes et ces femmes.

Transition – pour se protéger, la classe ouvrière va mener des combats sociaux, se politiser et partira à la conquête du pouvoir.



II Les combats de la classe ouvrière

Le but est d'aborder les luttes sociales, les causes de ces luttes, les grèves et les occupations d'usines.


A/ Les luttes sociales

L'apparition des syndicats permet la mobilisation des ouvriers et la mise en place de grève pour défendre les droits des ouvrier et obtenir de meilleures conditions de travail : Baisse du temps de travail, congés payés et augmentation de salaire.


B/ L'engagement politiques

Enfin le monde ouvrier trouvera un écho chez les politiques. Des hommes comme Jaurès placent le monde ouvrier au centre du débat politique. Les partis politiques ouvriers envisagent la prise du pouvoir, par la révolution et par les élections.

Notion : Front populaire 

Situation : la grève de Carmaux

La grève de Carmaux et Jean Jaurès

La situation relie un mouvement collectif et un destin individuel.

Jean Jaurès défend, dans la Dépêche du Midi, le mouvement de protestation contre le licenciement du maire mineur, J.B Calvignac. Il fait l’apprentissage de la lutte des classes et sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme. C’est la marque d’une visibilité croissante de la classe ouvrière et de sa traduction dans le champ politique.


Bilan
La grève des mineurs de Carmaux en 1892 est un épisode représentatif de l'émergence du mouvement ouvrier au XIXe siècle et du combat mené pour la reconnaissance de leurs droits et l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Unis par une condition et une cause commune, les ouvriers unis dans un même combat prennent conscience de leur force. Cet exemple s'inscrit dans une évolution sur plus d'un siècle et demi, alors que la société française s'industrialise
et que les modes de vie changent. 


Notions :

Le front populaire : alliance des partis de gauche (socialiste, communiste, radical) qui gagne les élections législatives de 1936. Le gouvernement dirigé par le socialiste Léon Blum fait voter des réformes importantes : semaine de 40h et congés payés.
Après la première guerre mondiale, la situation des ouvriers français évolue lentement (journée de 8h en 1919). En 1936, la victoire électorale du Front populaire suscite un immense et joyeux espoir chez les salariés qui sont très nombreux à se mettre en grève et à occuper les lieux de travail. A la tête du gouvernement, Léon Blum engage des réformes sociales, historiques : semaine de 40h, congés payés.

Prolétariat : Au XIXe siècle, ceux qui exercent un métier manuel et ne possèdent pour vivre que les revenus de leur travail (salaire).

Socialisme : on distingue au début du Xxe siècle les « communistes », partisans d'une révolution qui instaurera des rapports sociaux nouveaux, et les socialistes, favorables à des réformes progressives, sans le cadre d'un système démocratique.



III La condition ouvrière et l'impact des progrès techniques

Entre 1780 et 1880, la première révolution industrielle naît en Angleterre appuyée sur le charbon et la machine à vapeur.
Les chemins de fer se développent en France et bouleversent la nature des échanges et le fonctionnement du travail.
La taille des usines et le nombre de travailleurs qui y sont employés augmentent, ces derniers devenant des ouvriers à part entière. C'est le début d'une industrialisation et d'une massification des ouvriers à l'origine d'une prise de conscience de leurs intérêts communs.

A/ L'évolution des conditions de travail

Situation : les progrès techniques et la transformation des conditions de travail dans le secteur textile.

L'ouvrier exécute des taches pénibles et répétitives pour un salaire très bas : il s'agit du Taylorisme qui maximise les bénéfices l'entreprise vers 1920.
A partir des années 1980 les progrès techniques, sécuritaires et politiques permettent d’améliorer les conditions de travail pour des ouvriers qui seront de plus en plus qualifiés.

B/ La culture ouvrière

Une culture propre au monde ouvrier apparaît. La solidarité se développe dans l'usine, dans les quartiers ouvriers, dans les jardins ouvriers, lors des fêtes. Cette culture se transmet par les journaux, les chansons et les syndicats.

La hausse du pouvoir d'achat est constante depuis 1870 et en 1928 les allocations familiales constituent une aide non négligeable pour le quotidien des familles.
Les ouvriers vont gagner peu à peu une autonomie financière et du temps libre, ce qui va permettre la création d'une culture ouvrière spécifique.

Réunis dans le même quotidien, souffrant des mêmes injustices, les ouvriers développent des réflexes communs : ils s'éloignent de l’Église au profit des des traditions républicaines et socialistes puis communistes.
Le 14 juillet et le 1er mai sont l'occasion de rencontres et de fêtes où les ouvriers affichent leurs codes: La couleur rouge, les symboles tels que Marianne, la marseillaise et l'Internationale).
C'est surtout l'émergence d'une identité ouvrière et la naissance d'une conscience de classe qui conduisent à la mobilisation et à la solidarité entre les travailleurs. Amorcée par l'apparition de quartiers typiquement ouvriers tels que les corons dans le nord, la fréquentation de lieux tels que les cafés ou les bals populaires où les couples se forment, la naissance d'endroits où les ouvriers peuvent échanger (fanfares, lectures, universités populaires...)
Ils se rassemblent aussi autour de grands événements sportifs (football, tour de France...)


Mais l'accès à la consommation, aux loisirs et aux divertissements vient avec la baisse du temps de travail et à l'augmentation des revenus et du pouvoir d'achat. Pourtant, en obtenant une partie de leurs revendications, les ouvriers perdent la raison fondamentale de leur union de classe.
La baisse du temps de travail correspond avec le début du tourisme de masse (dans les années 60 surtout) avec les départs vers la Côte d'Azur et la pratique du camping favorisés par l'amélioration du réseau autoroutier et l'accès à l'automobile. Le confort et les loisirs deviennent alors les moteurs des aspirations ouvrières.


C/ Vers la fin de la classe ouvrière

Avec l'avènement des classes moyennes, l'amélioration des conditions de vie et l'arrivée du confort avec les Trente Glorieuses, la société française éprise de consommation de masse s'éloigne de la solidarité de classes pour un mode de vie plus individualiste. La culture ouvrière s’affaiblir alors, accompagnée par la baisse du militantisme syndical et politique, et par la chute des effectifs ouvriers dépassés par le secteur tertiaire. En 1975, le monde ouvrier connaît un déclin numérique et identitaire, et la culture ouvrière se fond et disparaît dans une culture mondialisée et lentement américanisée à laquelle ne résistent pas les codes des années passées, malgré les tentatives des mouvements ouvriers d'y résister.



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